Estranha forma est un solo, interprété et chorégraphié par Catarina Barbosa. Estranha forma est un coup de gueule, un témoignage et un questionnement sur la femme (portugaise dans cette pièce), qui se réveille un jour, observe son existence et se demande comment elle en est arrivée là. C’est enfin un questionnement sur l’éducation artistique, sexuelle et sur l’environnement dans lequel on évolue. Estranha forma c’est ce moment de vie, celui qui vous retourne, celui que toute femme a sûrement déjà vécu, celui où on se questionne sur sa propre vie. 

Aux prémices de la création

Un matin, dans la cuisine parentale au Portugal, j’étais en train d’écouter les musiques de fado, que j’écoutais tant étant petite. J’étais en train d’éplucher des patates et des oignons. Les femmes bougeaient dans tous les sens pour préparer le repas de Noël. Les hommes eux aussi se préparaient, mais pour manger, déjà assis à table ou sur le canapé.

Je me suis vue dans la peau de ma grand-mère et de ma mère. J’ai eu l’étrange sensation d’être perdue, de ne pas être à la bonne place. J’ai commencé à sculpter une des patates en forme de pénis et je me suis dit : « Qu’est-ce que les gens penseraient de moi s’ils rentreraient maintenant ici ? »

Parce que cela ne fait aucun sens de faire ça en écoutant une musique de fado qui parle de cette « anxiété de vie » donnée par Dieu à la chanteuse Amàlia (estranha forma de vida, que l’on peut traduire par étrange forme de vie). Moi aussi, c’est Dieu, qui m’a donné cette anxiété ? Sûrement pas. Ce serait tellement injuste de donner de l’anxiété aux gens… surtout aux femmes.