Cette nouvelle création de Liam Warren explore la possibilité d’augmenter son pouvoir d’adaptation et possiblement d’amélioration de son rapport au monde à travers le souffle. Breathing, solo écrit et interprété par Liam Warren avec le musicien Hugo Mir-Vallette, s’appuie sur les potentialités esthétiques du souffle, sa matérialité, via une gestion libératrice de son propre état, physique et mental.
Corps polymorphe, parfois spectral, le performeur se déplace sur une scène en miroir : ses respirations, jusque dans ses spasmes, seront enregistrées en direct et se répandront dans l’espace selon une boucle incessante et paroxystique. Entre épuisement et résistance, le souffle se tord, se multiplie et son intensité monte en crescendo.
Dans cette chambre d’écho, émerge un nouveau rythme de respiration, une nouvelle phase d’empathie pour le corps collectif.
Le capitalisme tardif, exacerbé par la crise sanitaire de 2020 toujours en cours, a généré de nouvelles réflexions sur le contexte mondial, l’activité humaine et ses enjeux sur l’environnement. La pensée contemporaine croise les notions d’anthropocène, de capitalocène mais aussi de collapsologie, où l’effondrement s’érige en paradigme. Qu’il s’agisse de la systématisation des logiques marchandes, approfondissant les inégalités sociales et impactant sur la destruction de la biosphère, les dangers pour la vie et toutes ses formes sont de plus en plus réels.
Depuis le XIXe siècle, une altération du rapport au monde s’opère, du fait que, grâce aux nouveaux moyens de communication et de transport qui apparaissent au fil du temps, tout s’accélère. Au fil d’un XXe siècle jonché de catastrophes, la modernité exaltée de l’homme conquérant a laissé place à l’épuisement des corps, sans cesse en tension, sous le poids du rythme effréné imposé par le capitalisme. Cette constatation apparait d’ailleurs dans un essai de Florian Gaité, intitulé Tout à danser s’épuise (2021) : l’épuisement devient le modèle qui s’impose aux êtres humains, tant dans la perte des énergies corporelles que celles mentales, nerveuses et psychologiques.
Dans cet état de chaos, la capacité de respirer a été soumise à des pressions extrêmes dans différentes strates de la société et la perception d’une situation d’essoufflement prévaut. Dans le cadre de multiples violences policières notamment, où le placage ventral a généré de nombreux morts, on pense alors à Eric Garner étouffé à mort en criant « Je ne peux pas respirer » ou plus récemment à George Floyd. On note aussi une augmentation de morts liés à la pollution et ses effets néfastes sur le système respiratoire et, la pandémie actuelle illustre, entre autres, un rapport au souffle contraint et possiblement mortel, attaquant les poumons. Le masque aujourd’hui obligatoire en constitue une prothèse corporelle qui rappelle visuellement l’obstruction de notre rapport à la respiration.
Le corps collectif apparait comme contracté, empêché dans ses mouvements, sous l’attaque d’un spasme. Un nouveau rythme doit alors y être trouvé. Un processus dans lequel l’acte de respirer pourrait retrouver une nouvelle synchronicité.
— Liam Warren
Plus d'informations sur le site de RIFT / Liam Warren.
Démo : jeudi 8 décembre 2022 à 17h
Centre national de la danse à Lyon
40 ter rue Vaubecour — 69002 Lyon
Gratuit sur réservation : adriana.falcone@ccnr.fr
+ Liam Warren animera l’atelier Sentir La Fibre du lundi 5 décembre 2022
Première : 28 janvier 2023 à KLAP Maison pour la danse à Marseille dans le cadre du festival Parallèle
Conception, performeur, chorégraphie : Liam Warren
Collaboration à la conception, composition sonore : Hugo Mir-Valette
Lumière : Cécile Giovansili-Vissière
Accompagnement artistique : Marion Zurbach
Regards extérieurs : Ife Day, Marco Herløv Høst
Réalisateur en informatique musicale : Matisse Vrignaud
Costume : Arnaud Arini
Scénographie : Paf atelier
Administration et production : Virginie Carter
Production et diffusion : Prune Allain-Bonsergent
Production : RIFT
Partenaires : Klap Maison pour la danse | festival Parallèle | 3bisf Centre d’arts contemporains d’intérêt national, Résidences d’artistes arts vivants & arts visuels | Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, direction Yuval PICK, dans le cadre du dispositif Accueil-Studio | GMEM Centre National de Création Musicale de Marseille | CN D Centre National de la Danse à Pantin | SCÈNE44 | Cité des Arts de la Rue | La Déviation
Durée : 45 minutes
Photo © Marc-Antoine Serra
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